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Je m’appelle Betty Osei Bonsu.

Voici mon histoire de plastique toxique.

Dès mon plus jeune âge, j’ai assisté à l’enfouissement et à la combustion de plastiques. Je les ai vus disparaître. Ma mère l’a confirmé. Mais voilà : 26 ans plus tard, des tests révèlent que ces mêmes plastiques sont présents dans mon corps.

D’où cela vient-il ? Mais comment l’oublier ? Je dors dedans, je mange dedans, je bois dedans, il m’arrive parfois d’en consommer sans le savoir. Pour ne rien arranger, une dure réalité persiste : la production et le commerce de ces plastiques enrichissent les riches, appauvrissent les pauvres et nous rendent tous plus malades.

La pollution plastique commence à la source, c’est-à-dire dès le processus de production. Presque chaque bribe de plastique dérive de combustibles fossiles comme le pétrole et le gaz qui génèrent des émissions de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique.

Mes voyages en Afrique et mon expérience directe m’ont permis de mieux comprendre les effets des déchets plastiques.

Kenya

Au Kenya, aux abords de la décharge de Dandora, envahie de déversements illégaux et de déchets mal gérés, une école a été contrainte de fermer ses portes en raison de l’augmentation des problèmes de santé chez les élèves (lien).

Ouganda

En Ouganda, à Kiteezi dans la plus grande décharge d’Afrique de l’Est, j’ai vu plus d’une centaine de ramasseurs de déchets travailler dans des conditions parfois mortelles pour assurer leur subsistance quotidienne (lien).

Mali

Au Mali, certaines communautés vivent en haut de décharges et souffrent d’une mauvaise qualité de l’eau à cause de la contamination des nappes phréatiques (lien).

Ghana

Au Ghana, les pêcheurs attrapent du plastique et non des poissons (lien), mais malgré cette crise, le pays continue d’importer 2,58 millions de tonnes de plastique chaque année (Ghana Business News – lien).

De telles observations confirment l’urgence d’une action coordonnée, renforcée par les résultats de Plastic Tox Test, ma propre campagne mondiale de la Fondation Minderoo.

Ce test donne à chaque personne les moyens d’acquérir des connaissances pour réduire son exposition aux substances toxiques et entreprendre un voyage de désintoxication vers un mode de vie plus sain. C’est un test de détection de substances chimiques de plastiques, dont le bisphénol, le parabène, le phtalate et l’oxybenzone dans l’urine d’une personne. Mes résultats ont révélé des concentrations MOYENNES par rapport à d’autres utilisateurs de Million Marker et aux données nationales.

Un total de 13 000

Substances chimiques identifiées par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) comme étant associées aux plastiques et à leur production. Quelles autres preuves vous faut-il ? Ceci est un appel urgent à l’action afin d’interdire les substances chimiques toxiques dans tous les plastiques vierges et recyclés – additifs y compris– et pour passer à une économie circulaire durable sans substances toxiques.

On m’a conseillé pour respecter l’esprit de la solution de ne pas utiliser de produits parfumés, et encore moins de produits d’hygiène personnelle, de produits de nettoyage, de désodorisants, de parfums, de bougies, etc.

Mais alors, Mesdames et Messieurs, je ne veux pas entrer dans cette pièce en sentant mauvais. Cela signifie que mon action concernant les odeurs corporelles ne suffit pas, mais qu’elle doit faire l’objet d’un effort commun. Si nous ne voulons pas sentir mauvais, nous devons tous ici prendre position vis-à-vis du Traité mondial contre la pollution plastique afin de garantir une réglementation stricte de la circulation des déchets plastiques, fixer des objectifs obligatoires de plafonnement et de réduction considérable de la production de plastique vierge, et fournir des solutions durables de remplacement des emballages en plastique.

En plus de ces demandes, les OSC/ONG, les coalitions et les jeunes exigent un Traité mondial contre la pollution plastique qui :

  • responsabilisera les entreprises polluantes et les pays producteurs de plastique ;

  • offrira une occasion vitale de s’éloigner de l’économie linéaire actuelle de l’emballage « prendre-fabriquer-jeter » et permettra un flux de ressources financières ;

  • fixera des objectifs ambitieux, juridiquement contraignants, fermes et à échéance bien déterminée pour mettre en œuvre et généraliser la réutilisation et le remplissage multiple afin d’accélérer la transition vers l’abandon des plastiques à usage unique ;

  • assurera une transition équitable vers des moyens de subsistance plus sûrs et plus durables pour la main-d’œuvre et les communautés tout au long de la chaîne logistique des plastiques, dont ceux du secteur informel des déchets ; et

  • répondra aux besoins des communautés touchées en première ligne par la production, l’incinération et le brûlage à l’air libre des matières plastiques.

Ces demandes témoignent de l’engagement d’organisations locales comme Green Africa Youth en faveur de la durabilité de l’environnement et du développement communautaire.

Grâce à nos efforts en vue d’encourager l’inclusion sociale et de favoriser la participation des jeunes, nous créons des politiques équitables et nous promouvons la durabilité générationnelle. Cela se fait par l’intermédiaire de nos projets, par exemple les Conseils des jeunes pour le climat et les villes zéro déchet à l’échelle locale et mondiale. Le monde peut certes tirer de précieux enseignements de ces actions, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous demandons en outre le renforcement des capacités des jeunes afin de leur donner les moyens de négocier un avenir plus juste, plus équitable et sans plastique.

J’ai ensuite discuté des résultats de mon Plastic Tox Test avec ma famille et mes amis, mais cela les a surpris et ils se sont interrogés sur la réalité de tels résultats (environ 95 % d’entre eux). Leurs doutes font ressortir que l’élaboration d’un Traité mondial contre la pollution plastique n’est pas suffisante en soi : nous devons aussi nous engager à éduquer les communautés sur le terrain à propos de l’impact des plastiques pour véritablement changer les choses. La crise du plastique est une crise toxique qui touche tout le monde, les personnes âgées, les jeunes et même les générations futures. Après avoir découvert ces toxines dans mon propre corps, la question n’est pas de savoir si je dois plaider en faveur d’un Traité mondial solide et efficace, mais pourquoi nous ne le faisons pas tous. Ces contaminants ne sont pas seulement en moi, ils sont en nous tous, depuis les océans jusqu’à nos repas. Mesdames et Messieurs, un Traité mondial complet et équitable sur les plastiques n’est pas seulement une nécessité, c’est notre droit légitime.

Je m’appelle Betty Osei Bonsu. C’est mon histoire de plastique toxique.

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