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7 façons dont le plastique nous empoisonne

(que vous ne connaissiez probablement pas)

par Tess Lowery, citoyenne du monde

C’est de la science, mais on pourrait tout aussi bien parler d’horreur.

Du plastique a été trouvé dans la glace de la mer dans l’Arctique, l’un des endroits les plus reculés et les plus inhospitaliers de la planète, au fond de la fosse océanique la plus profonde du monde à trente-six mille pieds en dessous du niveau de la mer.

Il est là, présent dans l’eau qui sort de votre robinet. Il jonche les plages du monde entier. La grande zone d’ordures du Pacifique, accumulation de débris flottants s’étalant entre la Californie et Hawaï sur une superficie qui pourrait couvrir la France, contiendrait quelque 1 800 milliards de fragments de plastique. Il est présent dans l’air « le plus pur » au-dessus de l’Everest.

Il est dans le poisson que nous mangeons, et aussi dans les fruits et les légumes. Il est même dans la pluie.

Matt Simon dans l’exprime dans son livre Un poison comme aucun autre : comment les microplastiques ont corrompu notre planète et nos corps : «Nous avons contaminé tous les coins de la Terre» (A Poison Like No Other: How Microplastics Corrupted Our Planet and Our Bodies: “We’ve contaminated every corner of Earth.”).

Il est déjà difficile de se débarrasser du plastique usagé, mais c’est lorsqu’il commence à se dégrader que les choses se gâtent. Ce qui rend le plastique si utile et omniprésent, c’est sa résistance – c’est précisément à cause d’elle qu’il ne disparaît jamais vraiment. Il devient simplement de plus en plus petit et finit par pénétrer dans notre corps.

On a en effet retrouvé des microplastiques – minuscules fragments de plastique mesurant moins de cinq millimètres – incrustés dans notre sang, nos cœurs, nos foies, nos placentas et les selles de nos bébés.

Les effets néfastes du plastique et des microplastiques sur les écosystèmes et l’environnement sont relativement bien documentés. Le plastique a transformé l’océan en un véritable champ de mines pour la vie marine qui se piège dans les filets ou consomme ces détritus en croyant que c’est de la nourriture. Sur terre également, comme au Sri Lanka, où il tue les éléphants, les ratons laveurs, les hyènes, les zèbres, les tigres, les chameaux, le bétail et combien d’autres animaux.

En 2020, une étude unique en son genre a exploré les effets des microplastiques sur la faune du sol. Elle a montré que la pollution par les microplastiques a entraîné une diminution des espèces vivant sous la surface, dont les acariens, les larves et autres animaux. Le déclin de ces espèces entraîne une diminution de la fertilité des sols et des terres.

L’impact du plastique sur la santé humaine reste toutefois plus difficile à cerner.

Depuis environ 70 ans, nous utilisons le plastique comme s’il n’y avait pas de lendemain (littéralement). C’est seulement depuis ces dernières années que le monde s’éveille, tardivement, aux nombreux risques sanitaires liés au plastique, des taux élevés de fausses-couches aux fréquences de pubertés précoces.

Vous pourriez vous demander pourquoi le monde ne s’insurge pas contre l’omniprésence des plastiques s’ils sont si toxiques.

La Professeure SarahDunlop, responsable du département Plastiques et santé humaine de Minderoo, estime que, tout simplement, c’est parce que le monde ne sait pas : « On croit que le plastique est simple et sûr. Il ne l’est pas. Il est complexe et toxique. »

Pendant longtemps, l’idée que le tabac était à l’origine de problèmes de santé a été reléguée aux conspirationnistes cherchant à gâcher les moments de plaisir et de tabagisme de tout un chacun. En réalité, dès les années 1950, les entreprises du tabac disposaient de preuves scientifiques sur la nocivité de leur produit, mais ce n’est qu’au bout de 40 ans que Philip Morris l’a admis publiquement.

4 200 substances chimiques

Les plastiques contiennent au moins 4 200 substances chimiques considérées comme hautement dangereuses et liées à la santé humaine, notamment aux cancers. Le plus effrayant, c’est ce que nous ne savons pas encore.

16 000 substances chimiques

Plus de 16 000 produits chimiques sont utilisés dans les plastiques, dont au moins 11 000 n’ont pas été évalués en ce qui concerne la santé humaine.

Les plastiques étant susceptibles d’usure normale, des substances chimiques peuvent s’échapper au cours du processus de fabrication. Il y a quelques années, une équipe de scientifiques américains a soumis des sacs à provisions jetables à plusieurs jours de lumière solaire simulée imitant des conditions qu’ils rencontreraient « dans la nature ». Ils ont constaté qu’un sac des magasins CVS libère plus de 13 000 composés et qu’un sac de Walmart en libère plus de 15 000. Chercheur à l’Ocean Frontier Institute (OFI) au Canada, Steve Allen va droit au but : « Si votre QI est supérieur à la température ambiante, vous devez comprendre que ce n’est pas un bon matériau pour l’environnement. »

Les microplastiques, quant à eux, ne se contentent pas de libérer des substances chimiques nocives : ils les attirent. Les substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (SPBT) sont un ensemble de composés nocifs. Tout comme les microplastiques, souvent appelés MP dans la littérature scientifique, les SPBT sont aujourd’hui omniprésents. Lorsque les SPBT rencontrent des MP, ils s’y accrochent. « En effet, les plastiques sont comme des aimants pour les SPBT »,  a déclaré l’Agence de protection de l’environnement. Consommer des microplastiques est donc un bon moyen d’avaler de vieux poisons.

Voici quelques exemples de la façon dont le plastique nous empoisonne.

1. Fausses-couches et mortinaissances.

Un groupe de chercheurs de l’Université de l’État de Washington a révélé il y a plus de dix ans que le bisphénol A (BPA), produit chimique couramment utilisé dans la fabrication du plastique, est nocif pour le système reproducteur des femmes.

Cette étude a conclu que la substance chimique interfère avec les hormones responsables de la reproduction, interférence pouvant entraîner des fausses-couches, voire des naissances d’enfants mort-nés.

Suite aux résultats de l’étude, le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA) a annulé l’autorisation d’utilisation du BPA dans les biberons et les emballages des préparations pour nourrissons. Pourtant, malgré sa classification comme substance chimique dangereuse, le BPA est encore utilisé dans les emballages alimentaires en plastique, notamment les boîtes en plastique, les revêtements protecteurs pour les boîtes de conserve et les équipements de transformation des aliments.

Aux États-Unis, une coalition de groupes de défense de l’environnement et de la santé publique demande au FDA de renforcer les limites d’utilisation du bisphénol A et de ses substituts dans les plastiques en contact avec les aliments. De son côté, la Commission européenne commence à peine à envisager l’élimination progressive de l’utilisation de cette substance chimique controversée dans les matériaux en contact avec les aliments.

Néanmoins, l’industrie pétrochimique, soutenue par le FDA, maintient que les réglementations actuelles sur le BPA sont adéquates et que la probabilité que le BPA cause des problèmes de santé est minime. Nous nous demandons pourquoi.

2. Troubles neurodéveloppementaux chez les enfants.

Aux États-Unis, environ un enfant sur six souffre d’un trouble du développement neurologique, soit à peu près 17 % de l’ensemble des enfants. Ces troubles, notamment le TDAH, le trouble du spectre de l’autisme, le déficit cognitif (perte de QI), la dyslexie, l’affaiblissement des résultats scolaires, le changement de comportement et la réduction du volume cérébral, semblent être en hausse.

Une étude réalisée en 2023 est venue s’ajouter aux travaux scientifiques de plus en plus nombreux mettant en évidence des liens potentiels entre substances chimiques des plastiques courants et troubles du développement neurologique.

« Il existe d’innombrables preuves d’une relation entre les troubles neurodéveloppementaux et les polluants environnementaux tels que les plastifiants », observent les chercheurs.

« Il est illégal d’exposer délibérément des êtres humains à des substances chimiques toxiques, mais c’est pourtant ce que nous faisons. Tous les jours. Même les bébés n’y échappent pas. Ils nous arrivent déjà pollués, avec des effets sur la santé pour le reste de leur vie », a déclaré la professeure Dunlop.

3. Défauts reproductifs et génitaux.

Selon le rapport de 2023 de la Commission Minderoo-Monaco sur les plastiques et la santé humaine, il est prouvé que le BPA provoque des modifications des organes génitaux des filles nouveau-nées (distance clitoridienne) et des garçons nouveau-nés.

Dès 2008, en effet, des liens ont également été établis entre les phtalates et les anomalies génitales et reproductives.

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